4/5 - MOTHER! (Faites comme chez vous)
Darren, Darren. Comment dire ! J'ai l'impression d'avoir été pris en otage et de n'être pas tout à fait libéré, même si une nuit s'est déroulée depuis que j'ai visionné Mother!. Je l'ai manqué au cinéma, malgré mon amour inconditionnel pour l'oeuvre de Darren Aronofsky et ce n'est que hier soir que j'ai enfin pu m'introduire chez ... Chez qui dans le fond ? A part qu'il est un poète en mal d'inspiration (Javier Bardem, merveilleusement énervant) et qu'elle une bricoleuse hors pair (Jennifer Lawrence, excellente interprétation), on ne sait absolument rien des personnages. Même pas leur prénom !
Peu importe, je m'immisce et je réalise très vite que c'est comme ça que ça à l'air de se passer. Alors que la maison est le symbole de l'espace privé et de la sécurité, ici on entre comme dans un moulin. Il faut dire que le phénomène est totalement soutenu par lui. Elle, pendant ce temps, subit et garde un calme complètement hallucinant alors que j'ai personnellement une envie d'hurler qui me monte au bout de quelques minutes seulement !
Et ce n'est que le début. Parce que Mother! est une angoisse et un mal-être qui ne vont qu'en s'accroissant pendant deux heures. J'ai vraiment eu l'impression de vivre un cauchemar éveillé. La situation échappe à tout contrôle et on vit l'impuissance de cette femme avec une frustration extrême. On ressent de près sa détresse par des plans toujours rapprochés sur elle. On vit tout par son point de vue. L'impression d'être enfermé dans cette situation est encore plus grande. Le comportement des visiteurs est toujours plus dérangeant, jusqu'à être complètement révoltant et on ne peut rien faire. On a envie de partir, de s'échapper de cet enfer, car c'est bien de l'enfer qu'il s'agit, au sens propre, comme au figuré. Mais sans doute parce que c'est chez elle et que c'est la maison qu'elle a retapée, elle reste et nous avec.
On retrouve dans ce film des similitudes avec Pi, son premier long métrage. Le présence du divin, les plans rapprochés autour d'un personnage, la situation qui s'emballe et échappe à ce dernier. Le rythme s'accélérant tout au long du film est aussi une caractéristique récurrente de sa filmographie. Les films de Darren Aronofsky ne laissent jamais indifférents et Mother! ne déroge pas à la règle.